Tout comme les entreprises, les pays prennent conscience de l’importance dans le monde entier de la guerre des talents. Il y a plusieurs mois déjà, nous vous présentions les actions de la Finlande et son slogan rêveur « I wish I was in Finland ». Bien d’autres se lancent dans la création d’une marque employeur territoriale. Ainsi qu’importe sa taille, chaque pays, chaque territoire, chaque région met en valeur ses plus beaux atours pour attirer. Le saviez-vous ? Cela est également le cas pour les petites îles du Pacifique. Très éloignées de nous, ces dernières doivent redoubler d’effort pour inciter leurs talents partis étudier à l’étranger à revenir et aussi attirer des talents aux compétences absentes de leur territoire. Dans ce billet, nous allons parcourir près de 22 000 km pour analyser une marque employeur territoriale d’une petite île du Pacifique. Bouclez votre ceinture, on y va !
Quand une petite île du Pacifique travaille sa marque employeur territoriale
La Nouvelle-Calédonie, située à 22 000 km de la France, veut, elle aussi, tirer son épingle du jeu et attirer les talents. Eh oui ! Même une île paradisiaque doit travailler sa marque employeur territoriale pour refléter autre chose que les cocotiers et les plages de sables fins. Ne vous méprenez pas. Travailler dans un contexte aussi idyllique est un atout considérable. Après tout, qui n’a jamais rêvé de travailler les pieds dans le sable ? Ahah ! Je vous y prends ! Vous y pensiez ! Ne vous plongez pas dans ce cliché. Être employé(e) sur une île ne se résume pas à ça. Les calédoniens ne sont pas dans un hamac sous un cocotier, un cocktail à la main et le téléphone dans l’autre. Cette image préconçue du train de vie calédonien joue négativement sur la marque employeur territoriale. La Nouvelle-Calédonie n’est pas perçue comme un territoire offrant des opportunités d’emplois sérieuses.
Et pourtant …
Les employeurs calédoniens unissent leur force
En mars 2020, une association voit le jour : l’association Talents Calédoniens. Créée à l’initiative des chefs d’entreprise calédoniens et soutenue par les institutions publiques locales, elle a pour principale mission de créer une marque employeur territoriale suffisamment forte pour encourager les talents à postuler en Nouvelle-Calédonie. Avant de déployer cette fameuse marque employeur territoriale, l’association a défini le profil des talents recherchés en interrogeant 51 dirigeants calédoniens et à tenter d’identifier les freins et les motivations des candidats en menant un sondage sur les réseaux sociaux. Ces deux initiatives sont une parfaite analogie aux audits interne et externe que les entreprises réalisent avant de se lancer dans leur projet marque employeur.
Pourquoi créer une association ?
Le Caillou – petit nom affectueux donné à la Nouvelle-Calédonie – fait face à une situation particulière. Leur baccalauréat en poche, la majorité des jeunes calédoniens doivent quitter l’île pour poursuivre leurs études supérieures. Ils partent alors en Australie, Nouvelle-Zélande, France ou encore au Canada. Seulement, une fois formés, ils ne reviennent pas systématiquement sur le Caillou. En sus, ils rencontrent souvent leur conjoint(e) au cours de cette période, pouvant être une raison de s’établir à l’étranger. Trois aspects les retiennent de rentrer en Calédonie :
- la peur de « s’enterrer » d’un point de vue carrière
- le risque pour leur conjoint(e) de ne pas trouver d’emploi sur place
- l’incertitude au niveau de la situation institutionnelle
Ce qu’ils ont appris de ces deux audits
Les profils recherchés
A travers ces audits, l’association Talents Calédoniens a pu mettre en lumière qu’un fort besoin de profils expérimentés du type Cadre et Technicien spécialisé, et principalement dans les secteurs de l’informatique et du numérique. Ce fort besoin s’explique du fait que la Nouvelle-Calédonie est un pays en construction. Elle a donc besoin de faire (re)venir des compétences spécifiques. A cela s’ajoute la recherche d’entrepreneurs. En effet, les opportunités sur ce territoire sont nombreuses et elles n’attendent qu’à être saisies.
Quelles sont les cibles ?
Ici, les cibles visées se divisent en deux catégories de talents :
- les talents calédoniens, ceux qui sont nés en Nouvelle-Calédonie, sont partis faire leurs études à l’étranger et ne sont pas revenus
- les talents extérieurs, ceux qui ont des compétences absentes du territoire
Les principaux axes à travailler
La marque employeur territoriale de la Calédonie doit donc adapter son discours pour ces deux cibles. Pour la première, sachant que 67% des calédoniens diplômés installés à l’extérieur du territoire souhaitent revenir s’installer en Nouvelle-Calédonie, une communication employeur territoriale autour des opportunités d’emploi devra être mise en place. Concernant les entrepreneurs, la Calédonie devra démontrer qu’elle est une terre d’opportunités et qu’elle accompagne ceux qui les saisissent (incubateurs, accompagnement, mentorat, soutien financier…). Pour la cible non-calédonienne, le Caillou devra miser sur ces plus atouts : le cadre, l’équilibre et la qualité de vie qu’elle offre.
Au-delà de sa communication employeur, la Nouvelle-Calédonie devra déployer des dispositifs pour faciliter l’insertion des jeunes talents sans expérience dans la vie professionnelle calédonienne et leur installation sur le territoire.
Le slogan employeur
L’association Talents Calédoniens a tenu à valoriser dans son slogan employeur d’une part les possibilités de futur en Calédonie et à « balayer » le cliché qu’une carrière sur une petite île du Pacifique n’est pas possible. De plus, elle accentue sur l’accompagnement qui est proposé par le territoire et rassure par ces deux mots « avec nous ». Son slogan est le suivant :
Avec nous, réalisez votre futur
Nous attendons avec impatience de voir les prochaines actions de la Nouvelle-Calédonie. A noter qu’en parallèle de cette association, le gouvernement calédonien a lancé Choose New Caledonia, un site regroupant les principales informations sur le Caillou et donner envie aux visiteurs d’investir.